176 lycéens bisontins au théâtre : Merci à l’association Café Charlie pour cette action citoyenne dans le cadre de la journée de la Laïcité
Mardi 4 décembre, 176 lycéens se rendent au Centre Nelson Mandela à Planoise pour assister à la représentation de la pièce “Djihad”, jouée par la Compagnie Aviscene. Trois lycées sont présents : le Lycée Pasteur, le Lycée Victor Hugo et le Lycée Professionnel Tristan Bernard. Quatorze enseignants, volontaires et investis, ont répondu favorablement à l’offre, gracieuse, de l’association Café Charlie et accompagné leurs élèves qui se retrouvent hésitants dans la salle et interrogatifs… Une tragi-comédie sur la radicalisation à destination d’adolescents ? Un peu téméraire.
L’Association Café Charlie a tout organisé des mois auparavant. Mais qui compose cette association et que fait-elle exactement ?
Des bénévoles d’horizons divers, qui après les attentats du 7 janvier, se sont fixés un objectif : créer du débat pour les jeunes autour de sujets qui sont en relation avec des Valeurs de la République.
Pas de discours moralisateurs, d’injonctions ou d’interdits. Juste de la bienveillance, la volonté de créer des espaces d’échanges où la citoyenneté se construit à plusieurs à travers la richesse de tous. Les libertés, d’expression, d’opinion, de conscience, l’égalité, la fraternité, et d’autres comme la tolérance, le respect des autres et de soi-même, sont mises en débat à travers des angles d’approche plus ciblés comme la laïcité, la démocratie, la citoyenneté et l’engagement, le traitement médiatique de faits d’actualité, le complotisme et les réseaux sociaux, etc… Cette association propose un panel d’actions où la parole devient force.
Ce qui a motivé Café Charlie pour proposer “Djihad” aux lycées bisontins ? Précisément que la pièce est toujours suivie d’un débat.
On vous invite à revivre cette expérience avec nous.
Salle comble. Deux classes de Tristan Bernard au premier rang.
La seconde Gestion Administration, notre classe sophrologie, accompagnée par M.Meunier, PLP Lettres-Histoire. La première Gestion Administration, notre classe Twitter, accompagnée par M. Magnien, PLP Lettres-Histoire. Mme Sayah, PLP Gestion- Administration a également souhaité participer. Les élèves sont joyeux mais un peu décontenancés : rester assis pendant 2 heures?
Attention, début de séance. Les organisateurs se présentent et les partenaires sont déclinés : le Centre Nelson Mandela, notamment Mustapha, animateur Jeunesse, et Djamel, technicien son. Un soutien financier important. Dans le cadre du Contrat de Ville – projet de l’association Café Charlie “Promouvoir les Valeurs de la République et la citoyenneté”-, plusieurs actions sont financées : ateliers citoyens en milieu scolaire, associatif, maison d’arrêt, maisons de quartier, les spectacles-débat comme “Réversible” et la journée “Danse citoyenne” de la compagnie DANS6T – Bouziane Bouteldja, le répertoire de théâtre forum de la Compagnie des 3 Soeurs, etc..
Chut, cela commence… La salle s’éteint. Silence.
Et là, la magie opère. Djihad, c’est l’histoire de Reda, Ismael et Ben, trois musulmans d’ici, de France. Ils ont décidé de s’engager pour aller se battre en Syrie. Un sujet lourd et pourtant…
Trois comédiens : Lionel (Reda), Mehdi (Ben), et Samir (Ismaël) illuminent la scène. Et le visage des élèves. Ils sont suspendus dans cet instant de partage dès les premières minutes. C’est drôle, émouvant, intelligent, sincère, percutant. L’auteur, Ismaël Saïdi, un ancien policier, titulaire d’un master en Sciences Sociales, a tout mis dans cette pièce. Les yeux brillent, des larmes, des souffles retenus, des éclats de rire. Les élèves sont emportés par ces personnages de tous les jours, n’oublions pas Florian (Michel), dans lesquels une part de chacun de nous résonne.
Octavie et Bastien, régisseur-de lumière, s’assurent de la partie technique. On vous dira rien d’autre, cette pièce, il faut la voir, c’est tout.
La lumière diminue. La pièce est finie. Nous entendons les premiers commentaires murmurés par nos élèves! “C’était trop bien !” Place au débat avec les comédiens et une maman. Marie-Agnès Choulet est venue témoigner. Elle se livre, accepte de raconter la perte de son fils, parti et mort pour le Djihad. Seuls les élèves ont le droit de questionner, c’est le principe. Ils hésitent, puis se lancent. Peux-on rire de tout ? Quels signes pour alerter ? Les comédiens et cette maman répondent avec sincérité, et toujours une touche d’humour. Pourtant l’émotion est forte quand Marie-Agnès conclut” Je ne veux pas que d’autres jeunes finissent comme mon fils, c’est pour cela que je suis là”.
Finalement, les élèves seront restés assis presque trois heures et sont même allés discuter après avec Marie-Agnès et les comédiens.
Paroles d’élèves sur Twitter :
Sarah : ” J’ai adoré, c’était fantastique”
Neirouz: ” J’ai beaucoup aimé cette sortie, j’ai beaucoup rigolé. ”
Et les questions, multiples, dans les couloirs de Tristan Bernard, dans les jours qui ont suivi : ” Madame, on ira voir la suite?”, “C’était vraiment bien, on y retourne quand?”, “Dites, le 2, il se jouera à Besançon?”
De l’émotion, mais de la réflexion aussi. Cette action a permis à nos élèves de vivre les Valeurs de la République : d’être des citoyens éclairés et responsables. Café Charlie viendra échanger avec les lycéens dans les établissements, en partenariat avec les enseignants, pour continuer le débat. On persévère…
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