La continuité pédagogique… Un principe qui devient leitmotiv dans l’Education Nationale depuis plusieurs jours.
Concrètement, cela signifie quoi ? Que malgré la crise sanitaire sans précédent que connaît notre pays, l’école, si elle a fermé matériellement ses portes, s’assure que le droit des jeunes à l’éducation est respecté. Apprendre est un long processus et nous apprenons toute notre vie de multiples manières. Cette épreuve, que nous traversons, nous le prouve à bien des égards.
La continuité pédagogique…Tout un programme et à chaque enseignant sa réponse ?
Oui, c’est juste. Car devant le défi qui s’annonce, les enseignants et tous les personnels qui les entourent, se révèlent plein de ressources et prêts à de multiples expériences.
Premier degré : le grand challenge. D’habitude, on communique par la source papier : l’agenda ou le cahier de texte ou le traditionnel cahier de liaison. Quelques mails parfois aux parents. Mais pour échanger avec les élèves, et nous pouvons nous en féliciter, le numérique n’est pas de rigueur. Il est utilisé mais avec parcimonie et intelligence pour ouvrir doucement à ses possibilités. Sauf que dans le contexte, l’usage va s’intensifier ou pas… Les mails de la maîtresse tous les jours, c’est du miel pour les élèves. Le travail est donné et le petit mot gentil aussi, celui qui fait la qualité de la relation pédagogique parce qu’il révèle que chaque élève compte.
Extrait : ” J’espère que ta première journée de classe à la maison s’est bien déroulée hier. De mon côté je suis venue à l’école le matin et l’après-midi pour mettre en place cette période, organiser le travail avec les autres maîtresses, prendre des livres dans la classe qui était silencieuse … vos sourires, vos doigts levés, vos cartables, vos frimousses manquaient…”
Et les parents découvrent ainsi chaque jour comment cette fameuse continuité pédagogique se construit : tout est clair, expliqué, cohérent et, osons le mot, bienveillant.
Au collège ? C’est plus formalisé : Pronote – du moins dans l’Académie de Besançon- nous poursuit… Devoirs et documents en ligne. Les élèves ont l’habitude. Toujours connectés. Au cas où, un prof serait absent… Ah bah non, mince, plus d’école ! On ne cherche plus l’absence sur Pronote désormais mais bien la présence : des questions, des échanges, des documents, des devoirs qui rappellent que les enfants restent des enfants malgré la situation. Et l’école fait partie de leur vie. Pronote rythmait les soirées et les week-ends: il sera désormais le tempo des journées des collégiens.
Et au lycée ? Des classes virtuelles, des environnements numériques de travail sursollicités. En fait, plusieurs outils sont mis à notre disposition et se décline à tous les niveaux :
Alors le numérique est la solution miracle pour la continuité pédagogique ? Souvent, nos enseignants sont pointés du doigt … Seraient-ils vintage côté numérique 😉 ? Leur investissement sur ces dernières 24 heures dément ce préjugé. Vintage ou pas, ils retroussent leurs manches et font. Pas de petits gestes pour être citoyen dans les heures sombres qui s’annoncent. Les milliers de tweets qui échangent pratiques et conseils se multiplient : la communauté éducative serre les rangs.
Mais qu’en est-il des lycées professionnels ? Un public majoritairement constitué d’élèves fragiles, pas très très motivés, avec peu d’habitudes scolaires, et des équipements numériques…basiques ? Les outils proposés par le Ministère ne correspondent pas forcément à nos élèves…
On partage une réponse possible : celle du lycée professionnel Tristan Bernard où les équipes se mobilisent à tous les niveaux. Si, rapidement, le fait de ne pas être équipés d’ordinateurs limite, nos élèves ont (presque) tous des smartphones et des habitudes de réseaux sociaux. Les enseignants l’ont compris, et ils vont s’appuyer sur cette ressource. Ils vont aller chercher les élèves sur leur propre terrain et créer des groupes… Snapchat.
Notre référente numérique, Stéphanie Pepe, PLP, est sur le pont pour l’ensemble de ces collègues et répond au mieux à toutes leurs questions. Et, elle partage la première recette de son carnet…
Les Carnets de Stéphanie
Première recette : Snapchat et les élèves
J’ai créé un groupe de travail avec TOUS les élèves de la classe de Tvente.
C’est un espace d’échange et de partage.
L’avantage c’est que TOUS les élèves ont déjà un compte et sont utilisateurs, donc je touche 100% des élèves.
Comment j’ai procédé ?
J’ai proposé mon snapcode par le biais de pronote en incitant les élèves à rejoindre le groupe et en quelques heures, tous étaient inscrits.
Comment ils ont accueilli l’initiative ?
Ils m’ont qualifiée de prof moderne !!!
Blague à part c’est un espace d’échange informel qui selon mon hypothèse va me permettre de rester en lien avec des élèves qui ne consultent pas pronote et qui n’ont pas forcément d’outil informatique disponible à la maison.
Ils ont adhéré puisque tous sont inscrits au groupe.
Comment j’ai prévu d’utiliser cette application ?
De manière asynchrone
-diffuser des informations orales et visuelles via ma story et le groupe
-rappeler des échéances de rendu de travaux, gestion de l’orientation…
-répondre aux questions des élèves
-demander aux élèves de réaliser des tâches orales et les partager sur le groupe (préparation de l’oral de prospection : s’enregistrer sur une partie de la présentation)
De manière synchrone
-chatter avec les élèves, interagir dans le groupe ou de manière individuelle
-rendez-vous sous forme de réunions de travail à distance, quotidiens ou bi-hebdomadaires à voir…
Voilà deux-trois infos sur mon utilisation de cet outil pour le moment qui me prend beaucoup de temps puisque cet après-midi j’ai travaillé deux heures avec plusieurs élèves 😉
Lors des échanges -via Pronote- entre collègues hier, il s’avère que déjà trois d’entre elles, qui sont professeurs principales, se sont converties à Snapchat. Et les premiers résultats sont probants car nos élèves sont au rendez-vous et plutôt contents. L’école est là pour eux.
Alors le numérique, solution miracle ? Snapchat, réseau magique pour la continuité pédagogique ? Absolument pas : des outils, rien que des outils. Avec des femmes et des hommes derrière qui s’attachent à remplir leurs missions au mieux dans un contexte si particulier. Un service public de qualité au plus près de ses usagers.
Alors oui, il y a des difficultés, non, tout ne fonctionne pas du premier coup. Mais, prenons les paris que dans tous les établissements, chacun cherche les solutions qui correspondent à ses élèves. Avant de penser la continuité pédagogique, c’est d’abord le lien social qu’il faut préserver avec nos jeunes les plus fragiles. Et il faudra tenir dans la durée.
Nos inspecteurs nous l’ont rappelé :
” … Maintenir le contact avec les élèves par tous les moyens nécessaires … Avoir une attention particulière pour les élèves qui n’ont pas accès aux ressources numériques. “
Ce sont d’ailleurs ces élèves qui seront contactés dès aujourd’hui par la vie scolaire. Les portes de l’école sont fermées physiquement mais chaque personnel oeuvre. Les élèves ont “presque” tous répondus. Soyons attentifs à ce “presque”.
A très bientôt pour un nouveau carnet de Stéphanie, un article sur la classe Twitter, ou une leçon donnée par nos ados coincés à la maison : ” Attends maman, je vais te faire un cours sur Snapchat et on va créer ton avatar…”
Prenez soin les uns des autres.