Dans l’Académie de Besançon, s’est déroulée le jeudi 23 janvier 2020 une journée sur l’ambition. Les élèves sont venus en grand nombre pour rencontrer des acteurs d’horizons très divers qui chacun à leur manière oeuvrent pour favoriser la réussite de tous…
D’ailleurs, tu veux faire quoi quand tu seras grand ?
Si vous posez la question à des CP dans une cour de récréation, sûr de trouver une brochette de super-héros, des princesses multicolores, des futurs champions de sport, des agents secrets ou des maîtresses… Oui cela fait cliché, genré, et cela véhicule pas mal de préjugés qui méritent d’être travaillés. Mais les enfants rêvent, se voient sur des podiums, ou star d’un soir, tout est permis, même voler plus haut que le soleil !
A peine dix ans plus tard, c’est la question de l’angoisse ou du vide.
Tu veux faire quoi quand tu seras grand ?
Mince, les enfants sont devenus ados : ils ne rêvent plus, ils doutent et cherchent -ou pas- une réponse qui convienne. Finalement, tous ces rêves n’avaient pas de sens, ils ne sont pas réalistes, il se sont brisés mots après mots : des petits morceaux éparpillés et tombés sur le sol. Ils ont fini par s’envoler sans laisser de trace. Ces rêves ne sont pas possibles… Mais alors qu’est-ce qui est possible ? Les freins, il y en a tellement qu’on ne sait plus par quel bout les prendre : pas le bon quartier, pas le bon sexe, pas les bonnes notes, pas la bonne structure familiale, pas… Mais, les premiers, les plus lourds freins à lever sont ceux qu’on n’arrive pas à nommer parce que lentement intégrés. Apprendre à rêver, on fait comment ? Où est le guide sur Eduscol ? Où est le tuto sur You Tube ?
Pourtant, aujourd’hui, il y a du soleil qui réchauffe. La journée inter-cordées débute sur le Campus de la Bouloie à Besançon. L’UFR SJPEG (sciences juridiques, économiques, politiques et sociales) nous accueille. Les stands s’installent doucement dans le hall Fourier. L’IUT Besançon-Vesoul et le rectorat ont oeuvré également dans le cadre du Projet Interrégional Laboratoire de l’Egalité (PILE) porté par les Universités de Franche-Comté (UFC) et de Genève. Très joli tout cela , mais cela ne sent pas le rêve ou les étoiles…
D’abord, les cordées de la réussite, c’est quoi ? En résumé, un dispositif interministériel visant à accroître l’ambition scolaire des jeunes lycéens et collégiens issus de milieux sociaux modestes. L’objectif est de lever les obstacles psychologiques, sociaux et/ou culturels qui peuvent freiner l’accès des jeunes aux formations de l’enseignement supérieur et notamment aux filières d’excellence. L’organisation vise à construire dans la durée la relation entre une «tête de cordée », qui peut être un établissement d’enseignement supérieur (université ou école), un lycée avec CPGE ou STS et un établissement dit « source » (collège ou lycée). En savoir plus : http://www.cordeesdelareussite.fr/
Et les parcours d’excellence ? Un dispositif complémentaire proposé aux élèves de troisième en quartier prioritaire de la ville qui permet un accompagnement renforcé jusqu’à la classe de terminale. En savoir plus : https://eduscol.education.fr/cid76305/cordees-de-la-reussite-et-parcours-d-excellence.html
Et le projet PILE ? Un laboratoire sur l’égalité. Peut-être bientôt un article… En attendant un lien : http://www.univ-fcomte.fr/projet-interregional-laboratoire-de-legalite-pile#.Xi2zuEFCfIU
Voilà pour les organisateurs, mais qui sont les intervenants ? Car il y a plus de 600 élèves attendus, de lycée ou de collège, des quatre coins de l’Académie : Belfort, Bavilliers, Gray, Valentigney, Delle, Seloncourt, Bethoncourt, St Claude, Dole, Morez, Jussey, Vauvillers, Vesoul, St Loup sur Semouse…
Les stands, Education Nationale ou pas, sont nombreux. En fait, cette journée marque les partenariats autour de la jeunesse pour favoriser l’ambition, l’envie de se dépasser et d’aller jusqu’au bout de ses limites. Ou d’apprendre à rêver? Ce serait un début. Pour l’instant, nous nous noyons dans des lettres … ERASMUS, FETE, DAREIC, CRIJ, AFEV, IREPS, AFEV, IREPS, CLEMI, CIRFA … Nous cherchons les étoiles. Les voilà !
Arrêt à un stand. Deux élèves de première vente du http://lycee-tristanbernard.fr/ se sont mises sur leur trente-et-un. Elmedina et Kaltrina sont venues pour présenter le dispositif parcours d’excellence. Elles ont adhéré volontairement en troisième au Collège Diderot dans le quartier de Planoise à Besançon. Et sont aujourd’hui scolarisées en première vente à Tristan Bernard. Toute la journée, elles répondront aux questions des élèves. Et, au fil des interventions, nous verrons leur discours s’affermir, le menton se relever et les sourires s’épanouir. Car au fur et à mesure, elles se trouvent en situation d’expliquer leurs expériences et comment elle se sont senties doucement avancer, prendre confiance pour commencer à forger des projets – notamment pour la poursuite d’études- qui leur appartiennent pleinement. Des projets qu’elles ne “s’autorisaient pas” avant. Petite cerise sur le gâteau, elles sont stars d’un jour car interviewées par France 3 ! https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/doubs/besancon/besancon-pres-700-jeunes-situation-fragilite-sociale-participent-premiere-journee-inter-cordees-1778091.html
Le stand d’à côté, deux filles du lycée Tristan Bernard : Angèle et Kimberlay, élèves de terminale commerce. Encore des filles de Tristan Bernard! Dites, c’est quoi le message cette fois-ci ? Et, c’est quoi votre dispositif ? Des femmes du monde de l’entreprise qui ont “réussi” et occupent des postes à responsabilités, et qui acceptent de donner de leur temps pour vous accompagner dans la découverte du monde professionnel et construire votre orientation… Pas mal. Capital filles vous dîtes ? https://www.capitalfilles.fr/page/340527-accueil
Mais alors, c’est rien que pour les filles ? Et puis, il n’y a que des filles à Tristan Bernard ? Non pas du tout. Mais il se trouve que beaucoup des jeunes filles de lycée professionnel manquent … d’ambition. Alors cette journée est parfaite pour échanger et lever les freins de tous et toutes. D’ailleurs à la fin de la journée, Kimberlay raconte avec enthousiasme les échanges avec les collégiens et lycées visiteurs, qu’ils soient filles ou garçons : ” On a pu les rassurer, leurs questions et leurs angoisses, on les avait. C’est normal. On a pu leur dire qu’avec le temps, on peut prendre confiance et surtout, qu’il fallait rien s’interdire ! C’était trop bien. Merci madame”.
En fait, ce n’est pas à moi qu’il faut dire merci. Mais à qui ? A Ryad, Julie et Estelle, les trois services civiques qui ont participé à l’organisation et ont géré les sites… aux membres de l’UFR qui ont assuré l’accueil, aux intervenants des différents stands ou à Laurent Bertrand, l’IEN en charge des dossiers Cordées et Parcours d’excellence dans l’Académie qui a orchestré toutes ses bonnes volontés ? Cette journée est une réussite collective : si tous les élèves ne sont pas partis avec un rêve, en tout cas ils savent qu’il y a des leviers, des forces qui peuvent briser les plafonds de verre. Et après, chacun choisira son étoile…
